Inhalation abusive

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N’y aurait-il pas toujours un espoir quelque part? Ne resterait-il pas toujours une infime particule de possibilité, si imperceptible ou microscopique soit-elle? La préfères-tu à moi, cette euphorie dont tu t’enivres? Te fait-elle découvrir de nouvelles couleurs, de nouveaux rires au milieu de cette sensation glacière? Et dans la sueur des sons que tu entrevois, dans les motifs que tu entends au loin, dans les mensonges indomptables qui ornent les paysages de ta douleur, te souviens-tu de la vie que tu menais avant?

Te souviens-tu de cette vie que l’on menait à deux? Ne te manque-t-elle pas, cette joie pure que l’on ressentait dans la simplicité? L’as-tu simplement remplacée par ce bonheur éphémère que tu ingères, que tu boucanes, que tu t’injectes en croyant que ça ira mieux demain?

Tu voles en éclat dans tes crises de psychoses, tes joues se creusent encore plus, tes yeux s’infusent de sang, tes intérieurs se salissent de suie, mais peu importe. Tu ne te détacheras pas de ce poison vital, je le sais maintenant. J’aurais dû le savoir avant, en fait.

J’aurais dû savoir que tu ne quitterais jamais cette exaltation infinie. Que tu t’engourdis peut-être même encore en ce moment. Le bonheur en capsule, le chemin facile, la pente descendante, ce n’est pas pour moi. Tu as couru à ta perte. À notre perte.

Et au fur et à mesure que tes dents se taillent à force de les grincer, tu oublies l’enveloppe que tu portes sur toi-même. Tu peux voir ton être tel qu’il est, avec la chair, la sueur, les cicatrices et les véritables sentiments. Mais moi, je ne vois pas, je suis de l’autre côté.

Et pourtant.

Et pourtant je te pourchasse dans ta fatigue, dans ta folie. Encore, je te traque dans l’obscurité de ce qui t’arrive, dans tes pensées, tes expériences. Dans le double du miroir, posé face à face, tu continues d’opérer ton emprise sur mon être tout entier. Et si le miroir se brise, ton emprise n’en est que plus grande. Chaque morceau devient un écran à lui seul, capable de refléter la grandeur de cet amour perdu. Chaque morceau contient à lui seul la force d’emprisonnement du miroir intègre, entier. Et ils m’emprisonnent dans un long voyage d’acide où un système d’idées abstraites m’a emportée. Ton obsession bouleverse mon monde froid et calme. Tu bouleverses mon monde exempt de sensations et de tactilité. Encore aujourd’hui, après toutes ses années.