L’été achève, le fun s’en vient

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Aujourd’hui, je vais parler de la température, c’est un sujet un peu poche parce que j’ai l’impression qu’au Québec, c’est une obsession nationale. C’est peut-être comme ça partout, aussi. Mais ici, ça change vite et drastiquement, pis chaque année on est comme « ben voyons donc, pas déjà ? ». Bin oui, l’hiver revient, es-tu vraiment surpris ? On appelle ça les saisons, il y en a quatre. C’est la trame de ces saisons-là qui nous fait et nous défait chaque année. On s’emballe à la venue de la première neige, on est souvent contents de la voir fondre un couple de mois plus tard. On a toujours quelque chose à dire, bon ou mauvais, sur la venue de l’hiver, mais pour l’été, on dirait que tout le monde fait semblant d’être heureux.

Sur le sujet, j’ai une confession à faire : j’hais l’été. Chaque automne, pendant que des milliers de Québécois combattent un début de dépression saisonnière, je suis la femme la plus heureuse au monde. J’ai tellement hâte de retourner à l’école, de porter un manteau avec un foulard assorti, de cacher mon corps sous un empilage de chandails de laine.

J’hais les bébittes, la chaleur accablante, le soleil trop motivé. J’aime l’automne, les feuilles, les couleurs. J’aime la neige, les fêtes, la noirceur qui commence tôt. À la limite, j’aime même le printemps pis les bottes de pluie, mais chaque été, j’ai envie de mourir. Si je le pouvais, j’hibernerais tout l’été ou j’arrêterais d’exister en attendant que l’automne revienne. Y’a des gens qui ne supportent pas leur solitude en décembre ou en février, mais moi c’est en août qu’elle me fait un peu mal. Tout ça parce qu’il en reste pas long pour avoir du fun, pour partir en road trip sur un coup de tête, bref, tout ça parce que pour l’amour d’été, j’ai manqué ma shot un petit peu.

L’été, je regarde des filles dans leur kit à mille piasses, leurs shorts qui montrent juste un peu la pomme des fesses, leurs crop tops qui montrent juste assez d’abdos mais pas le nombril, leurs cheveux qui tombent en cascade sur leurs épaules découvertes. Je les regarde et je ne me sens pas à la hauteur. Je ne suis pas trendy, c’est toute. On dirait que l’été, ça parait plus, que je n’ai pas le sens de la mode. De toute façon j’ai juste pas le temps de trouver une brassière qui fitte avec une camisole trop courte en lainage mince étrange et dont le devant s’attache dans le cou (je sais que vous avez eu en tête une image dudit « chandail » – ok non, je vais en mettre une à la fin debord), ce top-là me fâche. En plus y faut genre être magnifique pour suivre les modes d’été. Moi, je me trouve belle en automne, quand mes cheveux fittent dans le décor, quand mes bas aux genoux ne sont pas hors contexte, et quand je peux mettre mes robes un peu lousses pis les agencer avec des collants bourgogne (comme ça personne ne m’écœure avec mes jambes pas faites).

Ça fait que là, l’automne s’en vient, et en théorie, je devrais être aux anges. Sauf que cette année, c’est différent. Pis c’est ta faute. Toi, le gars d’ailleurs qui arrive juste à temps pour ne pas être un amour d’été. On s’est rencontrés trop tard pour en profiter ensemble, trop tard pour avoir le temps. Le problème, c’est aussi que l’hiver te fait un peu peur. Tu planifies partir pour éviter les températures trop basses de Montréal, tu parlais de peut-être te diriger vers l’Amérique du Sud, mais tu ne sais pas vraiment. Ce qu’on sait, c’est que tu pars. T’aimer, ce serait donc une course contre la montre, une catastrophe inévitable.

Pour essayer de te convaincre de rester, je pourrais te dire que l’hiver c’est spécial, magique, mais je ne crois pas que ça signifie autant pour toi que pour moi. Pour moi, l’hiver, c’est se lever avec un éclairage singulier qui traverse les rideaux, sentir l’odeur de la tempête. C’est écouter la radio fébrilement en attente de bonnes nouvelles : c’est l’école buissonnière. C’est un éclairage tamisé dans les rues le soir, alors qu’on rentre rapidement à la maison, emmitouflés dans nos manteaux. C’est avoir un but, une destination : au chaud dans ses couvertures. L’hiver, c’est des crêpes pour diner, des soupers aux chandelles pendant la panne d’électricité, les crazy carpet, aller glisser au pont (mais ça, c’est juste à Sorel). L’hiver, c’est un resurfacement de milliers de souvenirs d’enfance plus doux les uns que les autres. Pareil pour l’automne. Sauf que cette année, la venue de l’automne me rappelle que le temps passe, que tu t’en vas, et le retour à l’école me signifie que je vais avoir moins de temps pour profiter de toi. Cette année, je suis comme tout le monde, l’été se termine, pis je me dis : « ben voyons donc, pas déjà ? ».

En prime, le FAMEUX top :

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