Mon rêve c’est toi, pas New-York, part 2.

J’étais maquillée en « prends ça » avec un peu de « tu vas regretter de m’avoir fait mal » et une mini touche de « t’es ben mieux de t’excuser mille fois » pour te montrer que je suis capable d’être chix dans l’adversité. J’avais même séché mes cheveux à-chaud-la-tête-par-en-bas pour les rendre soyeux et invitants, mais tes mains ont même pas pensé à effleurer la surface du retour au début. Tes doigts ont même pas envisagé la possibilité de ma cuisse offerte et froide parce que j’avais marché jusqu’à nous en écoutant de The Scientist sur repeat.

( Toute le long j’avais un peu espoir que tu essaies de me reconquérir pour pouvoir faire semblant de douter au début, mais flancher assez vite pour éviter que tu te décourages. )

Je suis arrivée en plein malaise on parlait pas fort pis nos petites voix se rendaient pas loin parce qu’elles flottaient doucement sur la honte de nos petits pêchés pas au bout de leurs peines. Je voyais presque les courants profonds de regrets se mêler à notre haine éparpillée dans l’océan avec les vieilles feuilles de thé et autres erreurs.

On a fait quelques blagues astrologiques pour avoir moins peur de se dire des choses vraies. Après je t’ai dit non, j’ai pas déchiré ton caniche pour vrai (juste chiffonné dans un tiroir pis je me sens tellement coupable) pis non, j’ai pas couché avec un autre. Déjà le soulagement soulevait délicatement tes sourcils, mais pour rien. Un apaisement vain qui me donnait envie de te rappeler les amandes dans mon lit pis les memes et références à Véro Grenier pis le cinéma vide pis le souper que j’ai fait pour me faire pardonner d’avoir été conne pis le karaoké pis le post-it banane pis ton café qui gouttait bon en écoutant Safia.

Ça s’invente pas des souvenirs de même.

Ça se jette pas par la fenêtre des souvenirs de même.

Mais nos orgueils se battaient en silence, je pense que c’est pour ça qu’on disait non, moi j’ai rien à rajouter, toi as-tu quelque chose à dire ?

L’affaire c’est qu’on recule pas, on est allés plus vite que la vie, on a pas de freins. Je libérais ma jalousie grandissante de la tasse qui touchait tes lèvres, mais je faisais tout ça imperceptiblement parce que sinon ce serait le retour au bercail de la folie qui se chicane, que tu m’ignores, et maintenant chaque message texte est une éternité silencieuse possible.

On s’est redonné nos choses en essayant de cacher la résistance dans nos doigts gelés et engourdis par le frette entre nous. Un bec dans le front pis un câlin trop long plus tard tu t’en allais vers Côte-Vertu pis moi Montmorency.

C’est peut-être juste encore une de mes analyses futiles insignifiantes que je me pile dans la tête depuis que t’as plus l’air d’aimer ça me parler, mais je pense que tu me regardais du coin de l’œil de l’autre bord de la track de métro en te disant les mêmes choses, en te demandant si tu aurais pu ou dû, mais moi je réfléchissais à ton toi dangereux et puis à la peine, mais surtout je me disais que maintenant que je sais à quel point tu fais mal, je peux pas être celle qui, parce que le non et le je sais pas quoi dire sortent trop facilement de ta bouche pour me permettre de poser les gestes avec confiance.

Mais là t’es parti avec tes livres pis ma honte et il me reste juste des doutes et des souvenirs, fait que quand je suis arrivée chez nous, j’ai choisi d’écrire ça même si t’aimes pas vraiment mes mots.

Tu dis toujours qu’il faudrait relire peut-être, des fois tu dis même ark, ou non, ou c’est pas ton meilleur, ou change telle ou telle affaire, mais ce que tu me dis le plus souvent, c’est de relire.

Mais relire ça fait mal, relire ça fait peur, relire ça nous remet nos erreurs en pleine face.

Relire ça me donne envie de retravailler le texte, et retravailler le texte, ça me rappelle que j’aimerais mieux retravailler nous à la place.

Ça te tente-tu ?