FUCK MEOW HARDER

I am online right meow. Toi aussi. Silence.

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Je suis une petite fille simple, douce et belle, belle, belle comme un chat. Meow. Un chat c’est cute, je suis cute, donc je suis un chat. Meow en crisse. Je vais te faire sentir mâle en sautillant et en faisant tourner les volants et ma robe tout en battant des cils tel un colibri. Je vais sourire parce que they have their dick up and ready for you. That’s all they’ll ever have for you but consider yourself chanceuse, fille. Réponds quelque chose de witty. Dis oui sans cesse, dis oui sans connaître la question, ouvre tes jambes jusqu’au ciel et souris jusque dans ton toupet.

Aujourd’hui, je me suis mise belle pour personne, pour personne qui veut de moi en tout cas. Eh bien oui : j’aime un homme qui m’aime pas mesdames et messieurs. Non, c’est pas mon chum. Non, il m’aime pas en secret. Oui, je lui ai demandé. Oui, je suis accrochée pour rien. C’est l’homme de ma vie monsieur madame, je suis juste pas la femme de la sienne.

Là tout de suite j’essaie de dresser une liste de tous nos souvenirs et je me fâche contre moi-même parce que je suis sûre que j’en oublie. Je me rappelle juste des moments de silence. À être ensemble, dans la même pièce. Selon moi, c’est les plus beaux. Je suis en train d’en oublier, c’est sûr. Je vais continuer mon silence. Être plus stridente que tout le monde dans mon silence. Peut-être que si je me ferme la gueule assez, tu vas vouloir m’adresser une ou deux paroles.

Oui, je continue mon silence strident parce que tu ne sembles pas vouloir me parler, de toute façon. Ferme ta gueule et répond aux désirs du mâle alpha, jeune fille. Tu veux pas me parler, mais tu veux bien me donner des coups de coude, par exemple. Surtout quand je te présente mon plus beau silence, quand je pense ailleurs. Tu peux pas me faire ça. Come on. Je suis une petite fille fragile et cassable, tu le sais trop bien. Je suis cute, tu te souviens? Meow. J’ai eu chaud partout juste à cause de ton coude sur moi. Ton coude contre mon corps. Meow. Les doux effluves de ta tubérosité olécranienne. Tiens, je te donne tout, même des synonymes obscurs. Tout ce désir et cet amour, toute le kit gaspillé.

J’arrête pas de penser au lendemain matin où je voulais pas trop t’embrasser parce que l’haleine du matin. C’est con. Je pense que j’étais plus heureuse quand on avait pas couché ensemble, je voulais, mais je regrettais rien. Avoir su, je t’aurais embrassé plus pis les yeux ouverts, je t’aurais fait endurer mon haleine un peu plus, j’en aurais profité pour faire l’amour plus que deux fois. Deux fois c’est pas assez.

La situation inopinée chagrine l’aorte. Adjectif fancy pour te faire plaisir suivi d’une métaphore qui ne fait aucun sens. Je suis cute, ne l’oublie pas. Les soldats auront des épées de mousse. Moi, je serai jolie. Je te dirai que ceci n’était qu’un rêve et je m’envolerai tel un papillon meow. Je vais te laisser tâter ma politique avec tes gros doigts de mâle. Je ferai meow alors que tu explores ma brèche. Tel Hubert Aquin, tu te feras une petite saucée nationaliste avec une fille qui a l’air informée. Ça marche bien pour les autres jeunes femmes, le petit look activiste.

Dorénavant oui, je vais mettre du beau linge, me friser les cheveux, me faire les sourcils, le bikini aussi. Un vrai plumeau sur l’ecstasy. Je vais te faire à souper en plus. Pour être encore plus cute. Tu pourras me venir dans la face, si tu veux. Cambre ton dos, petite fille. Voilà : bonne à marier, qu’ils diront. Ils vont tous me dire que je suis une crisse de catch. Qu’ils m’emmèneraient danser, eux. Que je suis si jolie, si gentille. S’ils le savaient, comme je le suis pas assez. Comme je serai jamais assez. Bruits de chaudron. TING! Ton souper est prêt.

Pendant que je te prépare à souper, toi, tu fourres des inconnues. Tu veux le faire en tout cas. Tu essaies. Et ça me fait mal de ne pas savoir les détails. Ça m’énerve de ne rien savoir parce que moi je fourre des inconnus juste quand je suis saoule. Je finis toujours par parler de toi de toute façon. C’est sûr que tu le sais, en plus, ça m’énerve en crisse. Quand je fourre les autres, on ne fourre pas, je me fais consoler. Puis le lendemain, je regrette. C’est con. Je suis conne. J’oublie les détails. J’oublie tout sauf que le garçon qu’il faut.

Je ne suis qu’un nom sur ta liste apparemment. Je vais essayer de faire pareil, de te faire un simple nom sur une longue liste avec les autres. J’appellerai ça mon tableau de chasse. We are les enfants terribles. We are même pas digne de mention. We are tomber de haut. It’s so froid comme attitude. J’ai envie de te texter des niaiseries, j’ai le droit, que je me dis. En ligne il y a une heure, deux heures, a joué au scrabble il y a 13 heures avec le mot « bander ». Short en jeans et party arrosé, je vais aller en fourrer un autre pour me faire consoler à la place.

Tu t’assis à côté de moi quand même, le lendemain. Ma face capote. J’ai les nerfs en dessous des yeux qui font des sauts. Un, deux. Un, deux. Essaye de pas avoir l’air trop folle. Cligne des yeux petite biche, fait semblant d’avoir le contrôle de tes paupières papillons. Tu me demandes si ça va et je sais pas si j’implose ou j’explose. C’est une question conne. Je ne comprends plus rien. Je dis des choses. Je réponds. Les phrases jaillissent et je n’ai pas le contrôle sur ma bouche qui papote n’importe quoi pour te faire oublier que je suis amoureuse de toi jusqu’à l’os. Folle à lier de toi et ton intellectuel supérieur.

Mais il faut bien quelques one-ways dans cette ville immense pour nous faire apprécier les rues à deux sens. Sur le boulevard de l’amour, quand tu me dis que tu ne m’aimes pas et que j’écris, je ne suis pas cute. Je pleure, je morve, je coule. Pas meow. Il faut plus de vin, plus de mélancolie, et surtout plus de vin. Je ne serai pas cette fille. Je peux être toutes les autres, juste pas celle-là.

Je refuse de me mentir à moi-même. De te raconter des conneries pour me rendre intéressante. Mon âme n’a pas besoin de Colgate. Même le matin.

On laisse aller pis on voit,

C’est ça que tu as dit.

Mais mon cul c’est une colombe.

Je vais le faire disparaître de ta vie.

POUF!

Magie mesdames et messieurs.

NB : Cet article est un texte-hommage à Vickie Gendreau et contient de nombreuses références/citations tirées de son oeuvre. FUCK MOEW HARDER.DOC est d’ailleurs le titre d’un chapitre dans son premier roman, Testament.