Montréal, j’t’hais pas tant que ça.

2016-02-01 09.07.51

Je me souviens parfaitement de la première fois où je suis allée à Montréal. Il y avait plein de gens, j’avais 13 ans. Mon père m’a emmenée dans un magasin de musique et j’étais complètement fascinée par tous les disques sur les hauts murs du commerce (on n’a pas ça chez moi, ne juge pas). Il m’a acheté un chandail d’Evanescence et j’ai décidé que Montréal, c’était magique. Après ça, on a marché pendant une heure pour découvrir un peu la ville, et on a dû remarcher pendant une autre heure parce qu’on ne trouvait plus de station de métro (il est censé en avoir une à chaque coin de rue, non ?). Moins magique. Après, je n’y suis plus retournée pour un moment. Pendant longtemps, pour moi, aller souper à Brossard, c’était vraiment wild. Plus tard, j’ai fréquenté un gars qui a déménagé à Montréal pour le fun, parce que ça y tentait : wild.

Au cégep, j’ai découvert le nightlife. Je suis sortie quelques fois dans la grande ville. Toujours une soirée spéciale, mais je ne pouvais pas vraiment dire si c’était d’une façon positive ou non.

Puis, il y a eu la grève étudiante en 2012. Je voulais tellement faire partie du mouvement que j’ai dû aller manifester à Montréal. Je me suis aventurée dans la jungle à nouveau. Encore plein de gens, mais cette fois j’étais préparée. Pendant la longue marche accompagnée de 300 000 autres étudiants indignés, j’ai perdu mon groupe de vue. J’étais, pour la première fois, seule dans la ville. J’ai paniqué intérieurement pendant un bon quinze minutes. Le moment merveilleux, ce fut quand j’ai arrêté. Je me suis arrêtée pour apprécier ma solitude dans ce bain de foule, pour observer les étudiants alliés dans une lutte commune, et encore une fois, j’en ai conclu que des choses magiques arrivent à Montréal. (J’ai éventuellement retrouvé mes amis, aussi).

Malgré tout, au moment de commencer mes études à l’université, pas question d’habiter à Montréal, qu’est-ce que je vais faire là ? Je voyageais. En bus. Grosse perte de temps au final. Cynthia à la découverte des transports en commun : j’ai pris le métro dans le mauvais sens, j’ai cherché désespérément la direction Snowdon à la station Snowdon, et j’ai pris le mauvais bus plus d’une fois. Mais conduire à Montréal ? Non merci.

Puis, j’ai finalement eu un appart pour la première fois de ma vie, quartier Saint-Michel, avec deux colocs (qui, elles, ont quitté la ville après un an en collocation avec moi. Coïncidence ? Je ne pense pas). J’ai trouvé l’amour avec un vrai Montréalais, qui m’a fait découvrir la ville sous un tout nouvel angle. Je suis redevenue célibataire, pour redécouvrir la ville avec mes chums de filles. J’ai déménagé encore deux fois. Faut croire que dans la vie, il y a autre chose que le Cactus et le Pub irlandais sur la rue Augusta de Sorel.

J’ai finalement trouvé le bonheur dans un 3 et demi du boulevard Édouard Montpetit. Ce n’est pas parfait, mais c’est chez moi. Quand ça ne va pas dans mon monde sorelois, je me réfugie à l’appart, avec ma coloc de rêve, et je finis même par avoir hâte d’y retourner, pendant les congés. Home is where the heart is, qu’ils disent.

J’ai fini par apprécier le fait de pouvoir me fondre dans la foule, de trouver des semblables, même. Ici, j’ai appris à bien vivre avec l’anonymat, la solitude, avec la vie qui suit son cours. Y’a des fois, où, au chaud dans mes couvertures, je me surprends à penser que je pourrais rester ici pour toujours (À Montréal, pas dans mon lit. Quoique…).

Autant que je ne sois vraiment plus capable d’entendre parler des films où, ici, la ville est vraiment un troisième personnage dans l’intrigue, j’aime peut-être ça finalement, Montréal. Bref, j’ai beau tripper sur les grands espaces, les longues rides d’auto pis les gros chiens qui ne rentrent pas dans un 3 et demi, une carte opus, ce n’est pas pire non plus.